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osé fouiller le bruit d’une vie éparse, ou dérouler des chansons que rehaussent des roulements et qu’épicent des tortillements et des battements, ou enfin faire surgir des émois inscrits aux chairs. On sent dans l’œuvre préparatoire de Charles-Louis Philippe tout l’effort d’un écrivain qui ne connaît ni les origines, ni l’histoire, ni les lois de sa langue. Et j’attribue de pareilles erreurs à une ignorance complète du latin.

Pourquoi donc admirions-nous ce nouvel auteur ? Mais pour des trouvailles naïves et inconscientes, pour d’adorables images qu’un Andersen ou un Gezelle lui eussent enviées, pour une fraîcheur d’âme que n’arrivait pas à déparer la pire littérature : Tout se tait, car le bruit du cœur est si fort, si doux, qu’il n’est plus que lui au monde… Toi désirant mon cœur comme on désire un rêve… Je l’aime comme il faut aimer ceux qui conservent une voix gaie pour les petits enfants.

Charles-Louis Philippe se révéla soudain au grand public par Bubu de Montparnasse. C’est sans contredit son meilleur livre. La phrase s’y adapte merveilleusement au lamentable sujet. Elle est populacière, affalée, geignarde. Les personnages y passent, faisant le dos rond, traînant la savate, gouaillant du coin de la bouche. Ce n’est que