Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ministre le personnel des égouts. Aussi son chef, sans intention maligne, appelait-il Philippe, qui ne lui en voulait guère, son « petit poète des égouts ».

Plus tard il fut nommé inspecteur aux étalages. Ce nouvel emploi lui permit de flâner de droite et de gauche, de baguenauder avec les petits commerçants, d’assister à la lutte quotidienne du menu peuple de Paris contre les agents de l’autorité. Il dut plus d’une fois avoir l’aune longue, lorsqu’il s’agissait de mesurer un emplacement concédé à un pauvre bougre ou à une jolie fille !

Il s’était déjà fait connaître par plusieurs plaquettes éditées à la Plume ou à la Bibliothèque de l’Association. Il ne faut pas prétendre qu’il connut les déboires, les désillusions et les rancœurs des débuts difficiles. À peine eut-il publié ses Quatre Histoires de pauvre Amour qu’il attirait l’attention de tous ceux dont l’opinion importe. Et pourtant que de défauts dans ce premier essai ! Je note au hasard d’affreuses phrases : Ne fouille pas le bruit d’une vie éparse. Ces chansons se déroulent, que rehaussent des roulements d’yeux prometteurs, épicées encore par le tortillement des hanches et les battements du ventre… Tous les émois inscrits aux chairs surgissent… Je doute fort que les pires écrivains qu’avait trop lus Charles-Louis Philippe eussent