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ceux dont l’indépendance écarte comme à plaisir la facile renommée. Il devint l’intime compagnon d’Adolphe Retté, farouche lutteur et tendre poète, sincère jusqu’aux extrêmes conséquences dans ses haines et ses amours ; à sa fréquentation il apprit le dédain des cénacles, le mépris de l’approbation des critiques et la fierté qui n’accepte de jugement que de sa propre conscience.

Il adressa aussi ses hommages à des aînés glorieux, à Jean Dolent, si admirateur des autres qu’il met tout son art à se cacher lui-même, à Ernest d’Hervilly qui est non seulement un des poètes les plus finement spirituels, de ce siècle, mais un gentilhomme d’une sauvage noblesse de caractère ; enfin à ce grand Élémir Bourges qui est l’honneur suprême de la prose française en ces années où son nom, destiné à la gloire future, est à peu près inconnu des contemporains.

Quoique résolument indépendant, Henri Degron fut mêlé à l’histoire littéraire de ces dix dernières années. Il fréquenta tous ceux qui commencent aujourd’hui à être célèbres. Il sut les obscurs héroïsmes des jeunes hommes qui, n’ayant pas de