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Hugo n’était pas chez lui. Ô mensonge béni ! Nous dégringolâmes quatre à quatre l’escalier, sans attendre Guillaumet, et nous courûmes boire un vulnéraire chez le marchand de vins du coin.

La même année, c’est-à-dire en 1882, Pierre Quillard, à la tête d’une délégation du lycée Fontanes, prit sa place dans l’interminable cortège qui porta les vœux de Paris, de la France et du monde à Victor Hugo à l’occasion du quatre-vingtième anniversaire de sa naissance. Il eut le courage de lui lire, sans s’évanouir, un sonnet aux métaphores militaires (oui, Quillard !). Quant à moi, beaucoup plus timide, je m’étais détaché de la délégation et je me trouvais pris, sans pouvoir avancer ni reculer, dans la foule qui s’écrasait devant l’hôtel de Victor Hugo. Je me rappelle qu’un brave homme, broyé par la multitude, tourna vers moi une tête lamentable et s’écria, les larmes dans la voix : « Dire que je n’peux même pas lever les bras pour ôter mon chapeau d’vant l’bon Dieu ». J’oubliais de dire que Victor Hugo, encadré de Georges et de Jeanne, était à sa fenêtre et saluait son peuple.

Je vis Hugo une seconde fois, un matin que je passais avenue d’Eylau. Je levai les yeux vers la célèbre fenêtre : le dieu mettait ses bretelles en humant l’air du printemps.

Cependant nous avions tous fait des vers et