Page:Stuart Merrill - Prose et vers (1925).pdf/158

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Édouard Guillaumet, qui était alors l’ami intime du jeune Georges Hugo, nous proposa d’offrir la présidence d’honneur des Moineaux Francs à Victor Hugo. Sa motion fut votée d’acclamation, et un comité, composé de Quillard, de Guillaumet et de moi, fut nommé pour prier le maître d’accepter l’honneur que nous lui faisions.

Nous prîmes donc, un jeudi, l’omnibus Passy-Bourse, non sans la grave pensée que le derrière auguste du poète des poètes s’était peut-être posé sur la banquette de l’impériale où nous étions. Arrivés au petit hôtel de l’avenue d’Eylau, nous dûmes supplier Guillaumet de tirer la sonnette, car l’émotion nous coupait les bras, et d’entamer les pourparlers, car elle nous étranglait la voix. Une servante nous répondit qu’elle ne savait si monsieur Victor Hugo était chez lui (ce « monsieur » sonnait étrangement à nos oreilles) et nous pria d’attendre dans le salon de l’entresol. Guillaumet nous quitta pour aller voir son ami Georges à l’étage supérieur.

Ce salon était-il tendu de rouge, de bleu, de rose ou de vert ? Avait-il deux ou trois fenêtres, une ou deux portes ? Son ameublement était-il Henri IV, Louis XVI ou Empire ? Je l’ignore, n’ayant pu détacher mes regards d’une table ronde ou était posé le Tombeau de Théophile