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les passants affligés d’yeux bleus et de cheveux blonds, car il les prenait tous pour son ennemi intime Rodenbach ; Jean Carrère, entonnant d’une voix vibrante la Coupo Santo ; Paul Gauguin, extasié devant les tas de carottes et de choux frisés ; Albert Aurier, louchant d’un mauvais œil du côté des sergents de ville qui osaient nous admonester ; Frédéric Corbier, soucieux d’un problème d’algèbre ou rêvant — qui sait ? — à son futur suicide ; Gaston Dubreuilh, qui s’amusait à horripiler Henri Quittard en lui falsant l’éloge de la Dame Blanche ; Édouard Dubus, proclamant, si mélancolique sous son masque de pierrot gouailleur : « Je suis un poil dans la main de la Providence ! » ; Henri Degron, frileux, falot et dépeigné, qui rêvassait, dans la brume empuantie du matin, aux cerisiers en fleurs de son Japon natal ; Julien Leclercq et Dauphin Meunier, passant avec précaution sous les arbres du square des Innocents, de peur d’y accrocher leur chevelure absalonienne ; le chevalier Maurice du Plessis de Lyman, plus familièrement M. Flandre, qui insinuait l’hérésie romane à son maître, l’imperturbable mangeur d’artichauts ; Louis Le Cardonnel, recrutant sournoisement des chevaliers de bonne volonté pour l’ordre de l’Agneau, fondé par lui pour restituer au Pape les États de l’Église ; enfin Yvanhoé