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qui aidèrent à les organiser. D’autres encore ont rappelé, dans des articles ou des livres, ces assemblées. Les uns y ont vu des réunions familières de bons camarades venus pour réciter des vers, écouter des chansons, pinter et potiner ; les autres, des sabbats, où l’on buvait du sang dans des crânes de petits enfants, en marmonnant des abracadabras. M. Maurice Le Blond en a donné cette dernière impression :

Aux soirées de la Plume, tous les samedis, dans un caveau du « Boul’Mich, s’entassait une pittoresque cohue de bardes mystiques, de peintres de l’âme, de chansonniers et de fumistes aux allures ridicules… Ces jeunes gens paraissaient éprouver de vaniteuses voluptés à s’exiler du monde. Ils cultivaient un jargon singulier ; ils affectaient des mœurs cyniques et mystérieuses.

Pour réduire à néant cette légende qui tend à se propager, je me contente de relever, sur la liste de présence d’une seule soirée de la Plume (19 Décembre 1890) les noms suivants : Paul Verlaine, Jean Moréas, Julien Leclercq, Louis Dumur, P. N. Roinard, Louis Le Cardonnel, Léon Bloy, Raymond de la Tailhède, Léon Maillard, Émile Goudeau, Ludovic Naudeau, Grenet-Dancourt. Louis le Dauphin, Maurice du Plessys, John Grand-Carteret, Gabriel de Lautrec, Charles Buet, Eugène Lemercier, Yann Nibor, Pierre Trimouillat, Léon Durocher, Jules Tellier, Pierre Mille,