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les déistes anglais, les seconds contre l’anonyme de Wolfenbüttel, la réalité de la révélation biblique, et tinrent ferme, au point de vue surnaturel, pour le caractère divin de l’histoire du peuple d’Israël et de celle des origines chrétiennes. Pendant ce temps, une autre classe de théologiens allemands chercha une nouvelle issue pour échapper aux difficultés. L’idée qu’Évhémère avait adoptée pour l’interprétation des anciennes légendes divines présentait deux voies qui, dans le fait, furent suivies l’une et l’autre : ou bien on considérait les dieux de la religion populaire comme des hommes bons et bienfaisants de l’âge primitif, comme des législateurs sages et des princes justes, que les contemporains et la postérité, dans leur reconnaissance, entourèrent d’une auréole divine ; ou bien on y vovait des imposteurs adroits, des tyrans cruels qui, pour subjuguer les esprits du peuple, s’enveloppèrent des voiles de la divinité. De la même façon, l’histoire biblique étant toujours considérée du point de vue purement humain, tandis que les déistes, suivant la seconde voie, en regardaient les personnages comme des pervers et des trompeurs, la première voie restait encore ouverte, et il était loisible, tout en dépouillant ces personnages de leur divinité immédiate, de leur accorder, en échange, un caractère humain exempt de dégradation ; il était loisible, tout en renonçant à admirer leurs faits et gestes comme des miracles, de ne pas les noircir comme des tours de supercherie, et de les expliquer comme des actes, naturels, il est vrai, mais moralement irrépréhensibles. Le naturalisme, particulièrement hostile au christianisme de l’Église, était porté à l’interprétation défavorable ; mais le rationalisme, qui voulait rester dans le sein de l’Église, sentait le besoin d’adopter l’interprétation favorable.

Eichhorn a immédiatement tourné cette nouvelle manière de voir contre les opinions du naturalisme dont il s’agit ici, dans un examen critique des Fragments de Wolfenbüt-