Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de ces communications, les doctrines et les lois prétendues divines, si grossières et si pernicieuses, qu’il était impossible de les attribuer à Dieu ; il trouvait enfin les miracles concomitants si absurdes et si incroyables, que tout cet ensemble donnait la conviction que la communication avec Dieu avait été un mensonge, et les miracles des tromperies pour procurer l’établissement de lois avantageuses aux dominateurs et aux prêtres. L’auteur a beaucoup à reprocher aux patriarches et à leurs prétendues communications avec la divinité, par exemple à l’ordre que reçut Abraham de sacrifier son fils. Mais c’est surtout Moïse qu’il s’efforce, dans un long chapitre, de charger de toute la honte d’un imposteur. Il l’accuse de n’avoir pas craint l’emploi des moyens les plus infâmes pour se faire le maître despotique d’un peuple libre. Dans cette vue, Moïse supposa des apparitions de la divinité, et il prescrivit, comme injonctions divines, des actes qui, tels que l’enlèvement des vases d’Égypte et l’extermination des Cananéens, auraient été stigmatisés comme fraude, brigandage et cruauté sanguinaire, mais qui, à l’aide des deux mots : Dieu l’a dit, ont été subitement transformés en actions dignes de la divinité. L’auteur des Fragments ne peut pas davantage trouver une histoire divine dans celle du Nouveau Testament. Pour lui, le plan de Jésus est un plan politique ; son entrevue avec Jean-Baptiste, une affaire concertée, afin que l’un recommandât l’autre au peuple ; la mort de Jésus, un anéantissement de ses projets qu’il n’avait nullement prévu, un coup que ses disciples ne surent réparer que par l’imposture de sa résurrection et par un subtil changement de son système de doctrine.


§ VI.


Explication naturelle des rationalistes. — Eichhorn. — Paulus.

En Angleterre de nombreux apologistes, en Allemagne la plupart des théologiens, défendirent, les premiers contre