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de sens ou n’en donne qu’un absurde, afin que le lecteur soit davantage excité à découvrir le sens mystique. On peut sans doute entendre une simple infériorité du sens littéral à côté du sens caché et plus profond, quand Origène répète à diverses reprises que les récits bibliques nous transmettent, non pas de vieilles fables, mais des avis pour vivre avec droiture[1], quand il soutient que, dans plusieurs histoires, le sens (purement) littéral, conduirait à la ruine de la religion chrétienne[2], et quand il applique au rapport entre l’explication littérale et l’explication allégorique de l’Écriture, la sentence : que la lettre tue, et que l’esprit vivifie[3]. Mais il abandonne absolument le sens littéral, quand il dit que tout passage de l’Écriture a un sens spirituel, mais que tout passage n’en a pas un corporel[4] ; qu’il y a souvent une vérité spirituelle sous un mensonge corporel[5] ; que l’Écriture a incorporé à l’histoire bien des choses qui ne sont jamais arrivées, et qu’il faut être borné pour ne pas remarquer de soi-même que l’Écriture raconte des événements qui n’ont pu se passer réellement de la façon qu’ils sont racontés[6]. Au nombre des récits qui ne doivent s’entendre que d’une manière allégorique, Origène, outre ceux qui paraissent donner à Dieu un caractère trop humain[7], comptait particulièrement ceux où des personnages, mis d’ailleurs dans des rapports prochains avec Dieu, sont dits avoir commis des actes répréhensibles[8].

  1. Homil. 2, in Exod., 3 : Nolite putare, ut saepe jam diximus, veterum vobis fabulas recitari, sed doceri vos per hæc, ut agnoscatis ordinem vitæ.
  2. Homil. 5, in Levit., 1 : Hæc omnia, nisi alio sensu accipiamus quam litteræ textus ostendit, obstaculum magis et subversionem christianæ religioni, quam hortationem ædificationemque præstabunt.
  3. Contra Cels., vi, 70.
  4. De principp., L. iv, § 20 : Πᾶσα μὲν (γραφὴ) ἔχει τὸ πνευματικὸν, οὐ πᾶσα δὲ τὸ σωματικόν.
  5. Comm. in Joann., t. X. § 4 : Σωζομένου πολλάκις τοῦ ἀληθοῦς πνευματικοῦ ἐν τῷ σωματικῷ, ὡς ἂν εἴποι τις, ψεύδει.
  6. De principp., iv, 15 : Συνύφηνεν ἡ γραφὴ τῇ ἱστορίᾳ τὸ μὴ γενόμενον, πῇ μὲν μὴ δυνατὸν γενέσθαι, πῇ δὲ δυνατὸν μὲν γενέσθαι, οὐ μὴν γεγενημένον. De principp., iv, 16 : Καὶ τί δεῖ πλείω λέγειν; τῶν μὴ πάνυ άμϐλέων μυρία ὅσα τοιαῦτα δυναμένων συναγαγεῖν, γεγραμμένα μὲν ὡς γεγονότα, οὐ γεγενημένα δὲ κατὰ τὴν λέξιν.
  7. De principp., iv, 16.
  8. Homil. 6, in Genes., 3 : Quæ nobis ædificatio erit legentibus, Abraham,