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mettait que Jésus n’avait été fait Fils de Dieu, υἱὸς Θεοῦ, et doué des forces correspondantes à ce titre, que lors du baptême ; mais ils ne convinrent plus, pour le baptême de Jésus, lorsque l’opinion se fut établie que l’origine de sa vie découlait d’une conception divine. Néanmoins la première idée ne fut pas expulsée par l’idée postérieure. Les légendes, et l’écrivain qui est dirigé par les mêmes impressions que les légendes, ont la main large ; les deux narrations, l’une sur les miracles de son baptême, l’autre sur sa conception miraculeuse ou sur l’immanence du Verbe en lui depuis le commencement de sa vie, demeurèrent paisiblement à côté l’une de l’autre, bien qu’elles s’excluent réciproquement, et toutes deux aussi furent consignées par nos évangélistes, sans en excepter, cette fois, le quatrième. Il en est exactement de ceci comme des généalogies ; le récit de la communication de l’Esprit opérée lors du baptême ne pouvait plus naître du moment que fut développée complètement l’idée de l’engendrement de Jésus par l’Esprit, πνεῦμα ; mais il put toujours continuer à être rapporté, parce que la légende n’aime à perdre aucun des trésors qu’elle a une fois acquis.


§ LII.


Lieu et époque de la tentation de Jésus. Dissidences des évangélistes
dans leurs récits.

La transition du baptême de Jésus à sa tentation, telle que les synoptiques la représentent (Matth., 4, 1 ; Marc, 1, 12 ; Luc, 4, 1), a des difficultés pour la détermination aussi bien du lieu que du temps.

Quant au lieu, on remarque d’abord que, selon tous les synoptiques, Jésus, après son baptême, est conduit dans le désert, εἰς τὴν ἔρημον, pour y être tenté, comme si dès auparavant il ne se trouvait pas dans le désert ; et cependant, d’après Matthieu, 3, 1, Jean, par lequel il se fit baptiser,