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sacré à la fonction messianique par Jean, en qualité de précurseur. Une observation peut appuyer cette manière de voir : c’est que, dans l’espérance juive, qui était le résultat de la réunion de l’histoire de David avec la prophétie de Malachia, il y avait une cause suffisante pour qu’on créât, même sans fondement historique, la supposition d’une pareille consécration de Jésus par Jean-Baptiste ; et la mention du baptême de Jean, βαπτίσματος Ἰωάννου, reçu par Jésus (Act. Ap., 1, 22), se trouvant dans un récit qui est lui-même traditionnel, ne pourrait rien prouver. Mais la tendance à inventer le baptême devait être combattue par la possibilité de le concevoir comme un acte de subordination de Jésus à l’égard de Jean, possibilité déjà prise en considération par Matthieu ; par conséquent, en raison de ce qui a été rapporté plus haut, il n’est pas contre la vraisemblance historique que Jésus, ayant la conscience d’être lui-même le Messie, se soit soumis au baptême au moment d’ouvrir le règne messianique.


§ LI.


Rapport du surnaturel, lors du baptême de Jésus, avec le surnaturel,
lors de sa conception.

Au début de ce chapitre, nous avons recherché le motif subjectif, c’est-à-dire personnel, que Jésus put avoir pour accepter le baptême de Jean ; maintenant, pour clore cette discussion, nous rechercherons à quel but objectif, c’est-à-dire à quelle action sur les autres, était destiné le merveilleux du baptême de Jésus.

La réponse ordinaire est : Jésus devait par là être introduit dans sa fonction publique, et déclaré Messie[1], c’est-à-dire que cet acte devait, non pas lui donner quelque chose qu’il n’eût pas encore, mais seulement manifester

  1. Hesse, Geschichte Jesu, 1, S. 120.