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Testament concernant la communication de l’esprit divin aux hommes, et particulièrement l’expression d’Isaïe נוח על, reposer sur, qui correspond le mieux à celle de Jean l’évangéliste, s’arrêter sur, μένειν ἐπὶ, renferment le germe d’une représentation symbolique ; car ce verbe hébraïque se dit ordinairement d’armées qui s’arrêtent pour le repos, et même d’animaux, comme le mot arabe correspondant. L’imagination, une fois qu’elle eut été mise en mouvement par une telle expression, dut être particulièrement poussée à compléter l’image, d’autant plus que la descente de l’Esprit sur le Messie était d’avance caractérisée chez les Juifs, puisque l’Esprit divin avait coutume de venir aussi sur les prophètes (par exemple, Isaïe, 61, 1), chez les chrétiens, puisqu’il venait aussi sur des chrétiens baptisés (par exemple, Act. Ap., 19, 1 et seq.)[1]. La descente de l’Esprit sur le Messie étant donnée, on dut se demander bientôt comment cette descente s’opérerait. Cette question fut nécessairement décidée d’après les idées populaires, suivant que les Juifs se représentaient l’Esprit divin sous telle ou telle forme. Dans l’Ancien Testament, et même aussi dans le Nouveau (Act. Ap. 2, 3), nous trouvons principalement le feu comme symbole de l’Esprit saint ; ce qui ne prouve nullement que d’autres objets sensibles n’aient pas pu aussi être pris pour lui servir de symboles. Or, dans un passage capital de l’Ancien Testament sur l’esprit de Dieu, רוח אלהיס 1 Mos., 1, 2, cet esprit est représenté comme planant, מרחפּת ; en cherchant, de cette expression, une représentation sensible, on pouvait penser moins au feu qu’au mouvement d’un oiseau. C’est ainsi que le mot רחף Mos., 32, 11) est employé pour exprimer le vol d’un oiseau qui plane sur ses petits. Mais, arrivée à ce point, l’imagination ne devait pas s’arrêter à l’image indéterminée d’un oiseau quelconque pour figurer ce mouvement de

  1. Schleiermacher, Ueber den Lukas, S.57.