Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/464

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ments ? et, en souffrant qu’on lui parlât comme à un pécheur, ne jetait-il pas des doutes dans l’esprit de ceux qui, plus tard, devaient croire en lui comme en un être sans péché ? Enfin, même sans soutenir que Jean-Baptiste tînt aux catéchumènes de semblables allocutions, néanmoins les gestes de ceux qui se plongeaient dans l’eau du fleuve purificateur et qui en sortaient devaient être des gestes de contrition ; et, quand même Jésus n’aurait fait que les imiter en silence, et sans les rapporter à son propre état intérieur, on ne pourrait pas l’acquitter de l’accusation de simulation.

Quelque pressantes que paraissent ces considérations, cependant on ne peut pas, d’un autre côté, s’empêcher de reconnaître la vérité de la remarque suivante, à savoir, qu’il n’est pas concevable que celui qui était venu au baptême avec la conviction d’avoir besoin, comme d’autres, du pardon et de la purification du péché, se soit plus tard, en contradiction avec cette conviction, regardé comme celui qui avait lui-même le droit de distribuer le pardon des péchés et le baptême spirituel ; qu’entre ces deux formes absolument opposées de la conscience religieuse, il n’existe, dans le même sujet, aucune conciliation, aucune transition possible de l’une à l’autre[1].

Pour échapper à l’opinion qui admet dans Jésus une confession tacite ou patente, et pour donner l’avantage à l’opinion qui admet qu’il eut de tout temps la conscience de son impeccabilité, il ne suffit pas de dire d’une manière inexacte, avec Neander, que toute relation entre le baptême et la pénitence est exclue de soi, quand il s’agit de celui qui, au moment même du baptême, se manifesta comme le Messie libérateur du péché. D’après les récits évangéliques, cette manifestation ne s’opéra qu’après l’accomplissement de l’acte du baptême ; par conséquent, tout ce qui, dans

  1. Neander, L. J. Chr., S. 64.