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Voici que j’envoie devant ta face mon ange qui préparera ta route devant toi : Οὗτος γὰρ ἐστι περὶ οὗ γέγραπται· ἰδοὺ ἀποστέλλω τὸν ἄγγελόν μου πρὸ προσώπου σου, ὃς κατασκευάσει τὴν ὁδόν σου ἔμπροσθέν σου. . Au début de son évangile, Marc applique au précurseur Jean, en même temps que le passage cité plus haut d’Isaïe, ce passage de Malachia, 3, 1, que, par erreur, il attribue aussi à Isaïe. Le passage dans le prophète Malachia est, en effet, relatif au Messie ; seulement ce n’est pas devant le Messie que Jéhovah parle d’envoyer un ange ou un messager, mais c’est devant lui-même. Dans l’application que le Nouveau Testament en fait à Jean, la seconde personne (σου) est mise au lieu de la première לפני, et ce changement se trouve uniformément dans les trois évangélistes.

Le même prophète a encore le passage suivant : Et voici que je vous enverrai Élie le Thesbite avant que ne vienne le jour du Seigneur, etc. : Καὶ ἰδοὺ ἐγὼ ἀποστελῶ ὑμῖν Ἠλίαν τὸν Θεσϐίτην, πρὶν ἐλθεῖν τὴν ἡμέραν Κυρίου κ. τ. λ. (3, 23. LXX. 4, 4). D’après ce passage, les évangiles ont donné à Jean-Baptiste un rapport avec Élie. Suivant Luc, 1, 17, il avait été prédit, dès avant la naissance de Jean, que ce dernier, travaillant, dans l’esprit et dans la force d’Élie, ἐν πνεύματι καὶ δυνάμει Ἠλίου, à l’amélioration du peuple, précéderait le Seigneur visitant son peuple au temps messianique. Dans le quatrième évangile (1, 21) Jean-Baptiste, sur la demande des députés du Sanhédrin s’il est Élie, décline cette dignité. Sans doute il ne la décline qu’en un sens, à savoir, qu’il n’est pas, conformément à la grossière imagination du peuple, l’ancien prophète revenu corporellement, mais, sans doute aussi, il aurait avoué lui-même qu’il était ce que les synoptiques disent de lui, un homme selon l’esprit d’Élie. De la même façon, Jésus, désignant Jean comme l’Élie promis (Matth., 11, l4), ajoute, pour empêcher, ce semble, qu’on n’attache à ses paroles