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trième évangéliste devraient également avoir passé de Jean-Baptiste à Jésus et de Jésus à l’apôtre, tandis que, ici comme plus haut, il est bien plus vraisemblable que l’évangéliste les a transportées sur Jean-Baptiste. D’autant plus, comme Olshausen l’a remarqué avec justesse, que l’on ne comprend pas que Jean-Baptiste, qui, en réalité, vécut à part de Jésus, parle ici de la bénédiction attachée à celui qui suit Jésus avec foi (v. 33 et 36).

Ce qui reste certain et ce qui est reconnu par la majorité des interprètes modernes, c’est que Jean-Baptiste ne peut pas avoir prononcé les paroles renfermées dans les versets 31-36 ; en conséquence, les théologiens ont conclu que l’évangéliste ne les a pas mises dans la bouche de Jean-Baptiste, mais qu’il prend lui-même la parole à partir du verset désigné[1]. Cela serait admissible si l’on nous montrait comment l’évangéliste a séparé du discours de Jean-Baptiste sa propre addition ; or, on cherche vainement la trace de cette séparation. À la vérité, celui qui tient la parole, à partir du verset 31, s’exprime, là où il veut désigner Jean-Baptiste, à la troisième personne, et non, comme au verset 30, à la première personne. Mais Jean-Baptiste n’est plus ici désigné d’une manière directe et individuelle, il est compris dans une classe entière, et par conséquent il devait choisir la troisième personne, bien qu’il parlât lui-même ; on ne trouve nulle part une limite, et le discours passe insensiblement des phrases que Jean-Baptiste pourrait avoir prononcées lui-même à celles qui ne peuvent absolument lui convenir. Dans le verset 30, on continue à parler de Jésus au présent : c’est ainsi en effet que l’évangéliste pouvait faire parler Jean-Baptiste du vivant de Jésus ; mais ce n’est pas ainsi que, lui, il pouvait écrire en son propre nom après la mort de Jésus. Son habitude est, en effet, là où il émet des réflexions sur l’apparition terrestre

  1. Paulus, Olshausen sur ce passage.