Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/439

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

continue, depuis le verset 31, avec des formules absolument les mêmes que les formules avec lesquelles le quatrième évangéliste fait ordinairement parler Jésus lui-même, ou exprime ses propres pensées sur Jésus. Et même, ainsi que Lücke l’avoue, ce discours de Jean-Baptiste ne paraît qu’un écho de la conversation précédente de Jésus avec Nicodème[1]. Les termes de ce discours prêté à Jean-Baptiste appartiennent proprement à la phraséologie de Jean l’évangéliste, tels que sceller, σφραγίζω, le témoignage, μαρτυρία, l’opposition d’en haut et ici-bas, ἄνωθεν et ἐκ τῆς γῆς, la phrase avoir la vie éternelle, ἔχειν ζωὴν αἰώνιον, et l’on se demande : Faut-il croire que l’évangéliste, aussi bien que Jésus, dans la bouche duquel ces expressions sont souvent mises, les a empruntées à Jean-Baptiste, ou bien que l’évangéliste les a prêtées à Jean-Baptiste, dont, pour le moment, je veux seulement parler ici ? On décidera cette question en remarquant que justement les idées que Jean-Baptiste exprime appartiennent au domaine du christianisme, et même spécialement au domaine du christianisme de Jean l’évangéliste. Cette opposition d’en haut et de la terre, la désignation de Jésus comme venu d’en haut, ἄνωθεν ἐρχόμενος, comme celui que Dieu a envoyé, ὃν ἀπέστειλεν ὁ Θεός, qui par conséquent prononce les paroles de Dieu, τὰ ῥήματα τοῦ Θεοῦ λαλεῖ, le rapport de Jésus avec Dieu, comme son fils, υἱός, que le père chérit, ὁ πατὴρ ἀγαπᾷ, ces idées qui reviennent si souvent chez Jésus et chez le qua-

  1. Que l’on compare particulièrement Joh., 3, 11 (Jésus parlant à Nicodème) : Ἀμὴν, ἀμὴν, λέγω σοι, ὅτι ὃ οἴδαμεν, λαλοῦμεν, καὶ ὃ ἑωράκαμεν, μαρτυροῦμεν, καὶ τὴν μαρτυρίαν ἡμῶν οὐ λαμϐάνετε.

    V. 18 : Ὁ πιστεύων εἰς αὐτὸν οὐ κρίνεται· ὁ δὲ μὴ πιστεύων, ἤδη κέκριται, ὅτι μὴ πεπίστευκεν εἰς τὸ ὄνομα τοῦ μονογενοῦς υἱοῦ τοῦ Θεοῦ.

    Joh., 3, 32 (Jean-Baptiste) : Καὶ ὃ ἑώρακε καὶ ἤκουσε, τοῦτο μαρτυρεῖ, καὶ τὴν μαρτυρίαν αὐτοῦ οὐδεὶς λαμϐάνει.

    V. 36 : Ὁ πιστεύων εἰς τὸν υἱὸν ἔχει ζωὴν αἰώνιον· ὁ δὲ ἀπειθῶν τῷ υἱῷ οὐκ ὄψεται ζωὴν, ἀλλ’ ἡ ὀργὴ τοῦ Θεοῦ μένει ἐπ’ αὐτόν.

    Comparez encore le verset 31 du discours de Jean-Baptiste avec Joh. 3, 6. 12 seq., 8, 23 ; v. 32, avec 8, 26 ; v. 33, avec 6, 27 ; v. 34, avec 12, 49, 50 ; v. 35, avec 5, 22, 27. 10, 28 seq. 17, 2.