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ἁμαρτιῶν, d’après Act. Ap., 2, 38 et d’autres passages, désignaient habituellement le baptême chrétien, et en conséquence ont été transportés, d’une manière non historique, au baptême de Jean[1]. Cependant le passage déjà cité d’Ézéchiel fait de l’ablution le symbole non seulement de la résipiscence, mais encore du pardon des péchés ; ainsi le dire des évangélistes repose sur de bons fondements. De plus, les paroles de Josèphe, examinées de plus près, ne sont point en désaccord avec les renseignements évangéliques. Les fautes dont, suivant Josèphe, il ne s’agissait pas dans le baptême de Jean, sont les souillures lévitiques qui, d’après la loi, devaient être effacées par des ablutions (3 Mos., 14, 8 seq. 15, 5, 13, 18, 21, 27. 17, 16. 23, 6 et autres passages). À ces ablutions, auxquelles on attribuait communément une vertu purifiante indépendante du sentiment intérieur, Jean voulait opposer son baptême comme prescription morale et religieuse[2].

Une autre différence se manifeste touchant la relation que les renseignements divers sur Jean établissent entre son baptême et le royaume des cieux, βασιλεία τῶν οὐρανῶν . D’après Matthieu, la brève exhortation qu’il joignait à son baptême se réduisait à ceci ; Repentez-vous, car le royaume des cieux s’est approché, μετανοεῖτε· ἤγγικε γὰρ ἡ βασιλεία τῶν οὐρανῶν (3, 2). D’après Luc, Jean-Baptiste ne parle d’abord que de repentir, μετάνοια, et de rémission des péchés, ἄφεσις ἁμαρτιῶν, mais il ne parle pas de royaume des cieux, et c’est seulement quand le peuple s’imagine qu’il pourrait bien être le Messie lui-même qu’il renvoie au Messie comme à celui qui doit venir après lui (3, 15 seq.). Dans Josèphe, au contraire, il ne se trouve rien sur le rapport qui aurait existé entre le rôle de Jean-Baptiste et l’idée mes-

  1. Comparez De Wette, Exeget. Handb., 1, 2, S. 30.
  2. De même Paulus, l. c., S. 314 und 371, Anm. ; Neander, L. J. Ch., S. 50, f. Anm.