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ganique et vivant, et enfin de la race humaine dans sa tradition corporelle et spirituelle.

Ces conditions ainsi graduées sont la science, ou, pour mieux dire, le couronnement de la science, et son épanouissement en un fruit nouveau, en un suprême idéal. Avant la décisive conception de M. Comte, il n’était aucun savant qui, interrogé sur la coordination des sciences ou, en d’autres termes, sur la vue générale de l’ensemble, fût en état de répondre ; et ceux qui l’essayaient augmentaient seulement les ténèbres. Aujourd’hui, pourvus d’une notion dont la simplicité fait la grandeur, nous les disciples, nous répondons que tous les phénomènes que présentent le monde inorganique aussi bien que le monde organique, sont subordonnés les uns aux autres, les moins généraux qui sont en même temps les plus compliqués dépendant nécessairement des plus généraux qui sont en même temps les moins compliqués. Ceci contient toute une rénovation de la science contemporaine. Ainsi les nombres et les formes, c’est-à-dire les mathématiques, sont ce qu’il y a de plus général, aucun phénomène ne pouvant se concevoir sans ces deux espèces ; par une compensation nécessaire, c’est ce qu’il y a de plus simple. Aussi est-ce par là que l’esprit humain a débuté dans sa recherche ; la mathématique est le berceau du savoir humain, où il a grandi, se fortifiant dans ces combinaisons pour lesquelles peu de données suffisaient encore. Des formes et des nombres on s’élève aux phénomènes astronomiques, immensité où l’œil et la pensée s’égarent sans autre limite que leur propre faiblesse, et où la terre n’est plus qu’un atome emporté dans l’espace : la première culture de l’astronomie se perd dans la nuit des temps ; et, longtemps avant qu’il y eût sur rien autre aucune théorie,