Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/396

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

années subséquentes et qui consiste dans l’accomplissement des miracles, est placé par les évangiles apocryphes dans sa première enfance et dans sa jeunesse. L’Évangile de Thomas ouvre, dès la cinquième année de Jésus, le récit de ses miracles[1], et l’Évangile arabe de l’enfance remplit le voyage d’Égypte d’une foule de miracles, que la mère de Jésus opère à l’aide des couches de son enfant ou de l’eau qui a servi à le laver[2]. Les miracles que, d’après ces apocryphes, fait Jésus enfant et jeune garçon, sont, les uns analogues à ceux du Nouveau Testament, guérisons de malades et résurrections de morts ; les autres sont complètement différents du type qui règne dans les évangiles canoniques, car ce sont des punitions extrêmement révoltantes qui frappent de paralysie ou même de mort quiconque contrarie en quoi que ce soit l’enfant Jésus[3], ou des imaginations complètement extravagantes, par exemple la vie donnée à des moineaux formés avec du limon[4].

L’opinion naturelle a eu un intérêt opposé qui s’est manifesté de bonne heure parmi les adversaires juifs et païens du christianisme, et qui a été d’expliquer, conformément aux lois de la causalité, l’apparition de Jésus, c’est-à-dire de l’expliquer d’après des apparitions semblables plus anciennes et contemporaines, et, par conséquent, de faire ressortir tout ce dont il dépendit et tout ce qu’il reçut. Dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, le sol spirituel était encore, parmi les païens comme parmi les Juifs, un sol surnaturel. À cette époque, quand on reprochait à Jésus de devoir sa connaissance et ses facultés d’apparence miraculeuse, non pas à lui-même et à Dieu, mais à une communication extérieure, on ne prétendait pas qu’il eût reçu d’autres hommes, par la voie ordinaire de l’instruction,

  1. Cap. 2, p. 278. Thilo.
  2. Cap. 10 seq.
  3. Par exemple, l’Évangile de Thomas, c. 3-5. L’Évangile arabe de l’enfance, c. 46 seq.
  4. Evang. Thomæ, c. 2. Evangel. inf. arab., c. 36.