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appartenaient, comme nous l’avons vu plus haut[1].

Ainsi, d’après ce qui précède, le récit de la première apparition de Jésus dans le Temple ne contient aucun trait historiquement invraisemblable ; au plus présente-t-il quelques coups de pinceau que le narrateur y a ajoutés de son chef. Il n’est pas non plus, comme quelques uns des récits précédents, dans un rapport d’exclusion réciproque avec une autre narration. Si donc il n’est pas en contradiction avec un renseignement positivement historique dont il sera question plus tard, et dont nous ne pouvons encore nous occuper ici, il ne porte aucun signe qui le frappe d’un caractère non historique, excepté peut-être la circonstance de ne se trouver que dans un seul évangile, et de se trouver dans un chapitre où l’introduction d’éléments non historiques a été facile, et dont les portions considérées jusqu’ici sont en réalité purement mythiques. Mais cela est trop peu précis pour compromettre le caractère de notre récit. Exempt d’indices négatifs qui y trahissent un caractère non historique, il ne peut être ébranlé, quand même on signalerait un puissant intérêt dogmatique et poétique qui aurait été capable d’inspirer l’invention d’une pareille scène.

On sait en effet que, pour de grands hommes qui se sont distingués dans l’âge mûr par leur supériorité, on s’est complu à recueillir les premiers mouvements, les premiers préludes de leur intelligence, et là où l’histoire n’apprenait rien, on a imaginé des détails d’après la vraisemblance[2], On trouve en particulier beaucoup de preuves de cette tendance dans l’histoire et dans la légende hébraïques. Ainsi il est dit de Samuel, dans l’Ancien Testament, que dès son en-

  1. Voyez plus haut, p. 152 et p. 323. Comparez encore particulièrement : 1 Sam., 2, 26 (lxx) : Καὶ τὸ παιδάριον Σαμουὴλ ἐπορεύετο μεγαλυνόμενον, καὶ ἀγαθὸν καὶ μετὰ Κυρίου καὶ μετὰ ἀνθρώπων.

    Luc, 2, 52 : καὶ Ἰησοῦς προέκοπτε σοφίᾳ καὶ ἡλικίᾳ, καὶ χάριτι παρὰ θεῷ καὶ ἀνθρώποις.

    Comparez encore ce que Josèphe, Antiq., 2, 9, 6, dit de la grâce enfantine de Moïse, χάρις παιδική.

  2. Comparez Tholuck, S. 209.