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nements aussi extraordinaires que ceux qui sont rapportés par Luc lui-même, les parents de Jésus auraient compris les paroles de leur fils ; or, ils ne les ont pas comprises, donc ces événements n’ont pas eu lieu. De notre point de vue, on conçoit sans peine que les parents n’aient pas entendu le sens de l’expression employée par leur fils, puisque la réponse qu’il leur fit était la première manifestation précise de sa nature supérieure. Mais on ne doit pas moins se demander si le témoignage de la surprise des parents est un trait véritablement historique, ou s’il n’a été ajouté par le narrateur évangélique que dans l’intérêt de son récit merveilleux ; car c’est le propre de pareils récits d’en laisser les personnages dans une continuelle disposition à l’étonnement, de telle sorte qu’ils expriment leur surprise et déclarent ne pas comprendre non seulement à la première apparition de la merveille, mais encore à la seconde, à la troisième, à la dixième, tandis qu’ils devraient y être familiarisés depuis longtemps ; et naturellement cette impossibilité prolongée de comprendre a pour but de donner d’autant plus de grandeur à la communication divine. Nous avons encore à faire une observation semblable : sans doute on croira facilement que la mère de Jésus ait gravé dans son esprit la scène du Temple, et que, le corps de l’enfant croissant heureusement, la croissance de son esprit n’ait été pas moins prospère ; c’est, en effet, ce que portent deux remarques finales de l’évangéliste : l’une où il est dit que la mère de Jésus renferma dans son cœur toutes ces paroles (v. 51), et l’autre où il est dit que l’enfant continua à croître en âge et en sagesse (v. 52). Toutefois, malgré l’apparence naturelle de ces remarques, on peut se demander si elles sont, chez l’évangéliste, le résultat de renseignements et de retentissements historiques, ou plutôt si elles n’ont pas été formées sur le type de la légende héroïque des Hébreux, type auquel ces formules de conclusion et de transition