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quelque relation spéciale avec ce lieu sacré. Les parents de Jésus, ou du moins Marie, de laquelle il est dit, à diverses reprises, qu’elle avait conservé soigneusement dans son cœur les communications surnaturelles relatives à son fils, ne devaient pas être embarrassés un seul moment par le langage qu’il tenait alors. Mais aussi, dès la première présentation dans le Temple, l’évangéliste rapporte, v. 33, que les parents de Jésus avaient été surpris du discours de Siméon, par conséquent qu’ils ne l’avaient pas bien compris. Et quand l’évangéliste consigne le témoignage de cette surprise, ce n’est pas à propos du passage du discours de Siméon, où il est dit que leur enfant sera une cause non seulement d’élévation, εἰς ἀνάστασιν, mais encore de chute, εἰς πτῶσιν, et qu’un glaive, ῥομφαία, percera le cœur de la mère ; rien ne leur ayant encore été révélé sur cette partie de la vocation et de la destinée de Jésus, il aurait été naturel qu’ils s’en étonnassent ; mais c’est à propos des expressions de la joie du vieillard apercevant le Sauveur, qui servira à la glorification d’Israël et à l’illumination des gentils, ἔθνη, Siméon ne faisant ses dernières révélations qu’après la surprise témoignée par les parents. Et, de nouveau, remarquons que leur surprise ne porte pas non plus sur les relations que Siméon annonce entre Jésus et les païens ; en effet, elle aurait été mal placée, car les relations du Messie avec les païens se trouvent déjà dans l’Ancien Testament. Il ne reste donc plus, comme cause de leur surprise, que la révélation faite par Siméon du caractère messianique de l’enfant ; or, cette qualité de Messie leur avait été annoncée depuis longtemps par des anges, et elle avait été reconnue par Marie dans son cantique. Donc, s’il est incompréhensible plus haut que le langage de Siméon les ait étonnés, il ne l’est pas moins dans ce passage, les récits antécédents étant supposés historiques, que les paroles de Jésus ne leur soient pas intelligibles, et nous devons dire : s’il s’était passé précédemment des évé-