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des voyageurs ; ce ne fut qu’après avoir fait une journée de marche, et l’avoir vainement cherché auprès de leurs parents et connaissances, qu’ils retournèrent à Jérusalem pour avoir de ses nouvelles. Cette conduite des parents de Jésus peut surprendre ; on croit devoir leur supposer une surveillance attentive sur l’enfant céleste qui leur avait été confié, et l’on ne comprend pas qu’ils l’aient perdu si longtemps de vue : aussi leur a-t-on, de différents côtés, reproché de la négligence et l’oubli de leurs devoirs[1]. Mais on trouvera naturel et juste que des parents n’aient pas tenu continuellement sous leurs yeux, avec une attention inquiète, un garçon de douze ans, ce qui, dans l’Orient, est autant que chez nous un garçon de quinze, et aussi formé de caractère que Jésus avait déjà dû se montrer[2]. Si, au moment du départ, il n’était pas auprès d’eux, il aurait été inutile de le chercher dans le tumulte de la capitale encombrée d’une multitude d’étrangers, et de laisser partir, pendant ce temps, leurs compatriotes. Le meilleur parti était celui que prirent les parents de Jésus : c’était de suivre, après avoir attendu quelque temps, la caravane galiléenne, au milieu de laquelle ils avaient toute raison de supposer leur fils, puisqu’ils y avaient des parents et amis, συγγενεῖς καὶ γνωστούς[3].

Revenus à Jérusalem, ils trouvent, le troisième jour, leur fils dans le Temple, sans doute dans une des salles extérieures, et au milieu d’une assemblée de docteurs. Il était occupé à converser avec eux, et il excitait l’admiration générale (v. 45, seq.). D’après quelques indices, il semblerait qu’ici Jésus occupe, vis-à-vis des docteurs, une position supérieure à celle qui pouvait convenir à un enfant de douze ans. Déjà, le mot assis, καθεζόμενον (v. 46), a excité des

  1. Olshausen. l. c., S. 146.
  2. Hase, Leben Jesu, § 37 ; Heydenreich, Über die Unzulæssigkeit, u. s. f. 1, S. 103 ; Tholuck, Glaubwürdigkeit, S. 216 f.
  3. Voyez l’explication de Tholuck, l. c., S. 214 ff.