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seph est chez lui à Bethléem, et s’il ne va à Nazareth que pour chercher sa fiancée, ce n’est pas le recensement qui l’aurait appelé dans la première de ces deux villes, et il y serait revenu de lui-même après quelques jours d’absence ; surtout, s’il avait à Bethléem son ménage, il n’avait pas besoin, à son arrivée dans cette ville, de chercher une hôtellerie, κατάλυμα, où même il ne trouva pas de place, et il aurait conduit Marie sous son propre toit. Aussi des commentateurs modernes, qui veulent profiter de l’issue offerte par l’apocryphe, mais qui ne veulent pas abandonner le recensement de Luc, admettent-ils que précédemment Joseph avait habité et travaillé à Bethléem, mais qu’il n’y avait pas possédé une maison proprement dite, et que, lorsque le recensement l’y rappela à l’improviste, il ne s’en était pas encore procuré une[1]. Or, ce n’est ni comme domiciliés ni même comme étrangers qui veulent s’établir que Luc représente les parents de Jésus à Bethléem, mais c’est comme des gens qui ont l’intention de partir après avoir fait le séjour le plus court possible. Si, dans cette donnée, les parents de Jésus paraissent très pauvres, Olshausen, afin de concilier la divergence dont il s’agit ici, aime mieux les enrichir, et il dit qu’ils avaient des possessions aussi bien à Bethléem qu’à Nazareth ; qu’ils auraient pu s’établir dans l’une comme dans l’autre de ces deux villes ; mais que des circonstances inconnues les faisaient, après le retour d’Égypte, incliner vers Bethléem jusqu’au moment où un avertissement céleste tourna leurs pas d’un autre côté. Ce motif, que Olshausen laisse indécis, et qui faisait désirer aux parents de Jésus de s’établir à Bethléem, est précisé par d’autres commentateurs, Heydenreich, par exemple[2], qui disent qu’il leur parut convenable de faire élever dans la ville de David le fils de David qui leur était accordé.

  1. C’est ainsi que s’exprime Paulus, Exeg. Handbuch, 1, a, S. 178.
  2. Ueber die Unzulæssigkeit der mythischen Auffassung u. s. f. 1, S. 101.