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commun ; c’est pour eux qu’il faut ouvrir un nouvel avenir religieux, destiné de façon ou d’autre à ne reposer désormais que sur le fondement de notions positives.

Une situation analogue s’est trouvée dans l’histoire, et il s’y est trouvé une solution analogue. Quand la civilisation polythéistique des Gréco-Romains entra en dissolution par son conflit naturel avec la science et la métaphysique antiques, il y eut une période d’anarchie mentale, dont les convulsions des républiques grecques et de la république romaine, puis la décadence morale et matérielle de l’immense empire, signalent les phases séculaires. À qui ne regarde que la superficie des choses, c’est un mystère inexplicable que cette ruine des vieilles institutions sans une cause apparente qui montre pourquoi ce qui faisait jadis le salut, la force, la gloire, devient inefficace, et pourquoi le vain retour à un passé usé n’est jamais qu’illusoire. Réciproquement, à qui regarde un peu plus profondément et aperçoit la dissolution sociale à l’œuvre et en action, rien ne peut faire prévoir comment ces éléments qui se disjoignent incessamment se réuniront de nouveau pour former une société solide et progressive. La solution de ce problème, qui se reproduit, depuis l’ère révolutionnaire, à un degré plus élevé de l’échelle historique, fut donnée dans l’idéal nouveau offert aux hommes d’alors par le christianisme.

À nous pour qui la source de l’ancien miracle est tarie, et qui ne reconnaissons plus que les merveilles de la raison et de la justice, de l’intelligence et du courage ; à nous qui nous sentons intimement liés à ceux de qui nous descendons et à ceux qui descendront de nous ; à nous qui avons foi dans l’amélioration croissante des sociétés, et voulons que tout concoure à ce