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précédé la présentation dans le Temple, ou bien la visite des mages a précédé, il est vrai, cette présentation ; mais la fuite l’a immédiatement suivie. Si l’on adopte ce dernier parti et que l’on enferme la présentation dans le Temple entre la visite des mages et la fuite, on s’embarrasse dans une grave difficulté, non seulement avec les expressions de Matthieu, mais encore avec l’enchaînement des faits. La même construction d’un participe qui avait servi à l’évangéliste pour rattacher, v. 1, à la naissance de Jésus l’arrivée des Orientaux, lui sert aussi à rattacher au départ des mages l’avertissement de s’enfuir (les mages s’en étant retournés, voilà qu’un ange, etc., ἀναχωρησάντων αὐτῶν, ἰδοὺ ἄγγελος, κτλ., v. 13). Donc, si l’on a cru devoir, en raison de cette construction, faire plus haut se suivre sans intervalle les circonstances qu’elle unit, la même construction doit empêcher ici d’intercaler un troisième fait entre la visite et la fuite. Quant à la chose en elle-même, on ne trouvera pas vraisemblable que, dans un moment où Dieu fait savoir à Joseph qu’il n’est plus à Bethléem en sûreté contre le mauvais vouloir d’Hérode, il ait été permis à ce même Joseph de venir à Jérusalem, c’est-à-dire de se jeter dans la gueule du lion. Dans tous les cas, les précautions les plus sévères auraient dû être recommandées à toutes les personnes intéressées, afin d’empêcher que la présence de l’enfant messianique à Jérusalem ne fût divulguée. Or, on ne trouve, dans le récit de Luc, aucune trace de cet incognito inquiet ; loin de là, non seulement Siméon appelle, dans le Temple, l’attention sur Jésus, sans en être empêché soit par l’esprit divin, soit par les parents, mais encore Anne croit rendre service à la bonne cause en répandant autant que possible la nouvelle du Messie nouveau-né (Luc, 2, 28 seq. 38). Elle ne la répandait, il est vrai, que parmi des gens animés des mêmes sentiments (elle en parlait à tous ceux qui attendaient la délivrance à Jérusalem, ἐλάλει