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a-t-il donc d’étonnant que le restaurateur de la nation, le Messie, trouve, comme le père et le législateur du peuple hébreu, un autre Nemrod, un autre Pharaon dans la personne d’Hérode ; que sa naissance soit annoncée par des sages au prince juif ; que ses jours soient menacés, dès le moment de sa naissance, par le tyran, et qu’il échappe heureusement à ses embûches ? La légende apocryphe n’a-t-elle pas eu de semblables raisons pour arranger à sa façon et introduire ce récit dans l’histoire de Jean-Baptiste ? Lui aussi est mis en danger par l’ordre sanguinaire d’Hérode ; il y échappe par un miracle qui entr’ouvre une montagne pour lui et pour sa mère, tandis que son père, qui ne veut pas révéler la retraite de l’enfant, est mis à mort[1].

La manière dont Jésus échappe aux poursuites d’Hérode est différente de celle dont Moïse, d’après l’histoire mosaïque, et Abraham, d’après la légende juive, échappent aux ordres lancés contre eux ; c’est en sortant du pays et en se réfugiant en Égypte qu’il échappe à la mort. On trouve aussi, dans la vie de Moïse, une fuite hors du pays ; mais ce n’est pas dans l’histoire de son enfance, c’est lorsque, devenu homme, il a tué l’Égyptien : poursuivi par Pharaon en raison de ce meurtre, il se retire dans la terre de Midian (2 Mos. 2, 15). La fuite du premier Goel ou libérateur a servi de type à la fuite du second ; notre texte même le montre expressément en mettant dans la bouche de l’ange qui invite Joseph à quitter l’Égypte et à retourner en Palestine, les mêmes paroles que celles qui motivent le retour de Moïse de Midian en Égypte[2]. D’un autre côté, le choix

    filius liac ipsa liora, ex quo egressurus est populus qui hæreditabit præsens et futurum seculum ; si tibi placuerit, detur patri ipsius domus argento auroque plena, et occidat ipsum. Comparez aussi le passage du livre arabe, dans Fabricius, Cod. pseudepigr., l. c.

  1. Protev. Jacobi, c. 22 seq.
  2. 2 Mos., 4, 19, lxx : Βάδιζε, ἄπελθε εἰς Αἴγυπτον· τεθνήκασι γὰρ πάντες οἱ ζητοῦντές σου τὴν ψυχήν.

    Matth. 2, 20 : Ἐγερθεὶς… πορεύου εἰς γῆν Ἰσραήλ· τεθνήκασι γὰρ οἱ ζητοῦντες τὴν ψυχὴν τοῦ παιδίου. Il faut remarquer ici que ce n’est que par le passage de l’Ancien Testament que l’on s’explique comment il se trouve, dans le passage de l’évangéliste, un pluriel, qui