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cause que la légende a supposé, au moment de la naissance de Jésus, l’apparition d’une étoile, reconnue pour celle du Messie par des astrologues. La prophétie mise dans la bouche de Balaam se rapportait, dans l’origine, à un roi d’Israël puissant et victorieux, mais elle paraît avoir reçu de bonne heure une application au Messie. S’il est vrai que la traduction du Targum Onkelos : Surget rex ex Jacobo, et Messias (unctus) ungetur in Israele, ne prouve rien, attendu qu’ici unctus, mis en regard de rex, pourrait signifier un roi ordinaire ; néanmoins plusieurs rabbins, d’après le témoignage d’Aben-Esra[1] et d’après les passages cités par Wetstein et Schœttgen, ont rapporté la prophétie au Messie. Le nom de Bar Cochba, que prit le célèbre pseudo-messie sous Adrien, avait été choisi conformément à la prophétie de Balaam, interprétée messianiquement.

La prophétie dont il s’agit, prise dans son sens primitif, ne parle pas d’une véritable étoile, mais elle compare avec une étoile le prince espéré, et c’est ainsi qu’elle est expliquée par le Targum. Mais bientôt la foi à l’astrologie qui croissait, et qui croyait trouver dans des mutations sidérales l’indice de tous les événements remarquables, fit que l’on entendit le passage de Balaam, non plus au figuré, mais au propre, et qu’on y vit une étoile qui, à l’époque du Messie, devait se montrer au ciel. Je viens de dire qu’au temps de Jésus la croyance à l’astrologie était répandue, en voici des exemples : On s’imagina que la grandeur future de Mithridate avait été annoncée par une comète qui était apparue vers le moment de sa naissance et de son accession au trône[2], et une comète observée peu de temps après la mort de Jules-César fut rattachée d’une façon précise à cet événement[3].

  1. In loc. Num. (dans Schœttgen, Horæ, 2, p. 152) : Multi interpretati sunt hæc de Messia.
  2. Justin, Hist. 37, 2.
  3. Sueton., Jul. Cæs. 88.