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Ce qu’il y a de plus remarquable quand on prend l’astre pour une constellation, c’est que l’on croit, à l’aide de cette explication, avoir trouvé un point fixe auquel on puisse rattacher le récit de Matthieu. D’après le calcul de Kepler, rectifié par Ideler, il y eut, trois ans avant la mort d’Hérode, l’an de Rome 747, une conjonction de Jupiter et de Saturne dans le signe des Poissons ; et, comme elle revient de la même façon à peu près tous les huit cents ans dans ce signe attribué par les astrologues à la Palestine, elle avait eu lieu aussi trois années avant la naissance de Moïse, d’après le calcul du Juif Abarbanel. Ainsi il se pouvait qu’au temps d’Hérode les espérances sur le second grand Sauveur de la nation se rattachassent à cette conjonction, et que les Juifs babyloniens y vissent une occasion de prendre des informations. Mais l’étoile mentionnée par Matthieu a-t-elle été cette conjonction de planètes ? Une affirmation serait excessivement précaire, puisque l’année de la naissance de Jésus est aussi incertaine que la date de ce calcul astrologique ; d’un autre côté, des circonstances du récit évangélique telles que les mots précédait, προῆγεν, et s’arrêta, ἔστη, n’y conviennent pas ; donc, du moment qu’il se présente une autre donnée qui ressemble plus au récit de Matthieu que cette conjonction, nous sommes autorisé è supposer que la conjonction des planètes est étrangère à ce récit.

Quant aux difficultés que soulèvent les passages de l’Ancien Testament faussement interprétés, l’explication naturelle les écarte en contestant que la fausse interprétation appartienne aux écrivains du Nouveau Testament. C’est le Sanhédrin seul qui applique la prophétie de Michée au Messie et à sa naissance à Bethléem, et Matthieu ne dit pas un seul mot qui aille à l’approbation de cette application ; mais, comme Matthieu raconte plus loin que l’événement a répondu à l’explication du Sanhédrin, il l’approuve par le fait même. Relativement au passage du prophète Osée,