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L’astre est, par cette explication, changé ou en météore naturel, ou en comète[1], ou en constellation, c’est-à-dire conjonctions de plusieurs planètes ; et à cette dernière opinion, énoncée par Kepler, plusieurs astronomes et théologiens ont, dans ces derniers temps, donné leur assentiment[2]. La question principale est ici de savoir si, avec cette explication, il est plus facile de concevoir que l’astre précède les mages et s’arrête sur une maison, comme il est dit dans le texte. J’ai examiné plus haut les deux explications qui considèrent l’astre comme un météore ou comme une comète. Si l’on prend la troisième explication, c’est-à-dire si on le regarde comme une conjonction de planètes, il faudra admettre que le verbe qu’emploie l’évangéliste, προάγειν, précéder, v. 9, signifie la disjonction des planètes qui, jusque-là, avaient été réunies[3], bien que le texte ne fasse mention d’aucune disjonction et parle uniquement du mouvement en avant de tout le phénomène. Ou bien il faudra recourir au plus-que-parfait de Süskind, et supposer que la constellation que les mages n’avaient pas pu voir dans la vallée entre Jérusalem et Bethléem, se remontra tout à coup à eux, arrêtée au-dessus de la résidence de l’enfant[4] ; car, dit-on, les mots : au-dessus de l’endroit où était l’enfant, ἐπάνω οὗ ἦν τὸ παιδίον, v. 9, signifient en général le lieu de résidence et non la maison où étaient l’enfant et ses parents. Nous l’accordons ; mais l’évangéliste ajoutant immédiatement après : et entrant dans la maison, καὶ εἰσελθόντες εἰς τὴν οἰκίαν, le lieu de résidence prend d’une manière plus précise le sens de maison, et l’on comprend que cette explication n’est que le produit d’un effort impuissant pour diminuer le merveilleux dans le récit évangélique.

  1. Ces deux explications sont dans Kuinœl sur ce passage.
  2. Kepler, dans plusieurs traités ; Münter, der Stern der Weisen ; Ideler, Handbuch der mathemat. und techn. Chronologie, 2. Bd., S. 399 ff.
  3. Voyez dans Olshausen, S. 67.
  4. Paulus, l. c., S. 202, 221.