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dire habitant d’une petite ville méprisée[1] ; ou bien il faut lui imputer d’avoir défiguré le sens de la manière la plus grossière ou dénaturé violemment les mots s’il a prétendu reproduire le mot נזיר nasir : cette expression, si d’ailleurs on la trouvait, dans l’Ancien Testament, appliquée au Messie, signifierait ou Nasiréen[2], ce que Jésus n’a jamais été, ou couronné[3] comme Joseph, 1 Mos., 49, 26, mais elle ne pourrait jamais signifier un homme élevé dans la petite ville de Nazareth. L’interprétation la plus vraisemblable de ce passage, laquelle a en sa faveur l’autorité des judéo-chrétiens consultés par saint Jérôme, c’est que l’évangéliste fait ici allusion au passage d’Isaïe, 11, 1, où le Messie est appelé נצר ישי, surculus Jesse, rejeton de Jesse, comme ailleurs צמח[4] ; dans tous les cas, c’est toujours faire la même violence au mot, et transformer une simple désignation du Messie en un rapport avec le nom de la ville de Nazareth, rapport qui lui est complètement étranger.


§ XXXV.


Essais d’explications naturelles pour l’histoire des mages.
Transition à l’explication mythique.

Pour éviter les nombreuses difficultés qui arrêtent à chaque pas l’explication surnaturelle de ce chapitre, il fallut essayer d’une autre explication qui, sans rien admettre de surnaturel, pût rendre raison de tout, d’après les lois physiques et psychologiques. Cette tâche, qu’il valait bien la peine de tenter, c’est Paulus qui s’en est le mieux acquitté.

La première difficulté est : Comment se fait-il que des mages païens des contrées lointaines de l’Orient aient su

  1. Kuinœl, ad Matth., p. 44 seq.
  2. Voyez Wetstein sur ce passage.
  3. Schneckenburger, Beitræge zur Einl. in das N. T. S. 42.
  4. Gieseler, dans Studien und Kritiken, 1831, 3. Heft. S. 588 f. ; et Fritzsche, S. 104. (Comparez Hieron. ad Jesai. 11, 1.)