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tion à cette méthode, les sciences dites positives, celles qui ont pris un développement si continu, si régulier, si considérable, parlent du monde matériel ou, suivant le langage de l’école, objectif, pour arriver aux conceptions générales et compréhensives. Ces deux méthodes pourraient être également bonnes, ou bien la première être la véritable, la seconde, la fausse, ou bien vice versa. Rien d’abord n’a pu avertir du mérite relatif qu’elles possédaient, et elles ont marché concurremment. Mais un juge irrécusable, l’expérience, est venu porter son témoignage et trancher la question pendante. Plus les siècles se sont avancés, plus l’une s’est amoindrie et a perdu d’autorité, plus l’autre s’est agrandie et a conquis la confiance générale. La philosophie ne peut prétendre à cet assentiment spontané, si elle ne se soumet à la même discipline, et elle ne peut s’y soumettre qu’absorbant en soi les sciences successives et s’en faisant autant d’échelons. Ces sciences ne sont, en effet, que les parties d’un tout qui comprend l’universalité du savoir humain ; le savoir humain, éclairé par cette coordination même qui est l’emploi légitime de la méthode subjective. Au lieu que, quand elle vient tout d’abord, comme dans la métaphysique, chercher la solution des problèmes, elle est privée de ce qui peut faire sa force dans l’âge des notions positives. C’est un arbre sans racine, c’est un édifice sans fondement. Là est la différence radicale entre la philosophie provisoire ou métaphysique et la philosophie définitive : la première est incapable de régler les sciences particulières et n’y prétend même pas ; la seconde en émane, et, les reprenant subjectivement, y insuffle l’esprit de généralité qui leur manque. Ainsi consolidée, elle peut tracer les règles d’une éducation géné-