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Michée, 5, 1, comme signifiant que le Messie devait naître à Bethléem ; et cette explication est confirmée par l’événement. Cependant ce n’était une interprétation qu’à la manière des rabbins, qui, comme on sait, torturaient les mots ; car, indépendamment de la question de savoir si par le mot מושל, dominateur, du passage cité, il faut entendre, oui ou non, le Messie, tout le contexte du chapitre de Michée prouve qu’il s’agit, non de la naissance, à Bethléem, du dominateur attendu, mais de sa descendance de la race de David, lequel était originaire de cette ville[1]. Donc, si les mages ont été conduits au but véritable, grâce à l’explication rabbinique de la prophétie, une fausse explication a, pour cette fois, rencontré la vérité, soit par un accommodement de Dieu, soit par l’effet du hasard. Or, cela a été jugé plus haut.

Après la réponse donnée par le sanhédrin, Hérode appelle les mages, et sa première question est de leur demander à quel temps l’étoile leur est apparue (v. 7). Quel besoin avait-il de le savoir[2] ? Le verset 16 nous apprend qu’il voulait se faire une idée de l’âge de l’enfant messianique, afin de juger jusqu’à quel âge il devait ordonner la mort des enfants de Bethléem, pour ne pas manquer celui que l’étoile avait désigné. Mais ce plan de comprendre dans un massacre de tous les enfants jusqu’à un certain âge celui qui lui était fatal ne fut conçu par Hérode qu’après le mécompte que lui causèrent les mages en ne revenant pas à Jérusalem, et auquel il ne s’était pas attendu, à en juger par la violente colère qu’il en ressentit (v. 16). Auparavant, son dessein était, d’après le verset 8, de se faire décrire par les mages, à leur retour, l’enfant, sa demeure et le reste, afin

  1. Paulus sur ce passage, Exeg. Handbuch et De Wette.
  2. D’après Hoffman, S. 256 f., pour contrôler le dire des mages, en demandant à ses propres astrologues s’ils avaient vu l’étoile ; motif qui non seulement n’est pas autorisé par le texte, mais qui même le contredit, puisque Hérode est représenté comme ajoutant foi, dès l’abord, aux mages avec terreur.