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sans reproche, la souillure ne s’attachant jamais qu’à l’individu et s’effaçant toujours dans l’espèce et dans son histoire. Elle est le mourant, le ressuscitant et le montant au ciel ; car, en niant sa naturalité, elle gagne une vie spirituelle de plus en plus haute ; et, en écartant les bornes qui la limitent comme esprit individuel, national, terrestre, elle sent son unité avec l’esprit infini du ciel. Par la croyance à ce Christ, particulièrement à sa mort et à sa résurrection, l’homme se justifie devant Dieu ; car, en vivifiant en soi l’idée de l’humanité, il se fraie le seul chemin qui conduise l’individu à partager la vie divino-humaine de l’espèce. »

Tel est le résultat où est arrivée la vigoureuse philosophie allemande, le dernier effort de l’esprit métaphysique, celle qui a serré de plus près la réalité des choses, grâce, d’une part, à la puissance logique de Kant, de Hegel, et, d’autre part, à une forte érudition, à une connaissance ample et étendue de l’histoire. Je ne puis pas procéder plus avant, sans en faire une critique très succincte sans doute, mais telle cependant qu’on aperçoive nettement la nouvelle voie où je veux entrer et conduire avec moi mon lecteur. Deux points, sans plus, suffiront pour cela, à savoir le vice de méthode qui entache toute métaphysique, et l’impossibilité où la métaphysique allemande, malgré sa prétention, est de cesser d’être critique pour devenir dogmatique.

Un vice de méthode est toujours un vice capital ; et ici il a pour effet décisif de rendre tout stérile. L’idée la plus générale que l’on puisse se faire de la métaphysique, c’est qu’elle part de certaines conceptions a priori, de données subjectives, suivant le langage de l’école, pour arriver au monde extérieur. En opposi-