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vérité interne qu’on retrouve quand on veut et qui, ici, est le résultat général de l’expérience coordonnée scientifiquement. Et les mythes des anciens hommes étaient assujettis aussi à la condition de ne point heurter ce qu’ils savaient ; mais ce qu’ils savaient était bien moindre ; de là, la latitude laissée à l’imagination. Tout le progrès scientifique, et, par suite, le progrès total se mesure par le nombre et l’exactitude des faits auxquels l’imagination doit satisfaire pour avoir droit d’être écoutée des hommes dans la fondation de leurs sciences, dans la conduite de leur vie.

Je ne puis pas mieux faire, pour compléter ces aperçus, que de reproduire ici la page où l’auteur de ce livre, s’efforçant de sortir de la critique, expose ce qu’il regarde comme le sens intime et réel de la christologie[1] : « La clef de toute la christologie, c’est que les attributs assignés au Christ par l’Église doivent être placés non dans un individu, mais dans un idéal réel. Mises dans un individu, dans un Dieu-homme, les qualités et les fonctions du Christ se contredisent, au lieu qu’elles se concilient dans l’idée de l’espèce. L’humanité est la réunion des deux natures, le dieu devenu homme, l’esprit infini qui est descendu dans le fini, l’esprit fini qui se souvient de son infinité. Elle est la fille de la mère visible et du père invisible, de l’esprit et de la nature. Elle est le faiseur de miracles ; car, dans le cours de l’histoire humaine, l’esprit maîtrise de plus en plus complètement la nature, aussi bien en l’homme même qu’au dehors, la nature qui, en face de lui, est rabaissée au rôle de matériaux impuissants destinés à son activité. Elle est l’impeccable, car la marche de son développement est

  1. T. II, p. 755.