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Κανανίτης, pourrait être identifié avec le Simon cité parmi les frères de Jésus, lequel, d’après la tradition de l’Église, présida, après Jacques, la communauté de Jérusalem[1]. De cette façon, José serait le seul qui fût sans qualification.

Si ceux que le Nouveau Testament appelle frères de Jésus ne sont que ses cousins, et si trois d’entre eux ont été apôtres, il est surprenant que dans les Actes (1, 14) les frères de Jésus, après l’énumération de tous les apôtres, soient encore nommés particulièrement, et que, dans la première Épître aux Corinthiens, 9, 5, ils paraissent encore être mis dans une classe à part. Peut-être aussi le passage cité plus haut de l’Épître aux Galates, 1, 19, doit-il être entendu en ce sens, que Jacques, le frère du Seigneur, y est désigné comme n’étant pas apôtre[2]. Si ces textes ne semblent pas permettre de ranger au nombre des apôtres les frères de Jésus, il est encore plus difficile de n’y voir que de simples cousins ; car dans un grand nombre de passages ils sont associés immédiatement à la mère de Jésus ; et en deux ou trois endroits seulement, deux hommes qui portent les mêmes noms sont associés à l’autre Marie, qui serait leur véritable mère. Sans doute, le mot grec ἀδελφός, dans un langage peu exact, peut signifier, comme le mot hébraïque אח, un degré de parenté plus éloigné ; cependant il est répété un grand nombre de fois pour exprimer la parenté des personnes en question avec Jésus et il n’est jamais remplacé par ἀνεψιός, mot qui ne manque pas à la langue du Nouveau Testament là où il s’agit de désigner un cousin (Col., 4, 10) ; en conséquence il ne peut pas être pris autrement qu’avec sa signification propre. De plus, l’identité des noms d’Alphée et de Clopas, identité sur laquelle repose celle de Jacques, cousin de Jésus, avec celle

  1. Euseb. H. E., 3, 11.
  2. Fritzsche, Comm. in Matth., p. 482.