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de Joseph et de Marie. Il est remarqué dans Jean, 7, 5, que ses frères mêmes, ἀδελφοί, n’ont pas cru en Jésus ; dans le chapitre 3 de Marc, le verset 21 comparé avec le 31, signifie, d’après l’explication la plus vraisemblable, que les frères de Jésus sortirent avec sa mère pour s’emparer de lui comme d’un homme qui avait perdu le sens. Mais ces deux derniers passages de Jean et de Marc ne sont pas un motif suffisant pour que nous abandonnions la signification immédiate du mot frère, ἀδελφός. Plusieurs théologiens, pensant que des fils véritables de Marie auraient dû croire aussitôt en Jésus, ont, il est vrai, supposé que, dans les passages cités, les frères de Jésus étaient seulement des fils que Joseph avait eus d’un mariage antérieur ; mais c’est une opinion qui ne s’appuie que sur un préjugé. Une difficulté plus grande, mais qui n’est pas insoluble, c’est que, d’après Jean, 19, 26 et suiv., Jésus, attaché à la croix, recommande à Jean de tenir lieu de fils à sa mère ; on pense que cette recommandation ne serait pas convenable si Marie avait eu d’autres enfants, et si les frères qui survivaient n’avaient pas été des fils de Joseph plus âgés que Jésus et mal disposés pour lui. Mais, soit par des circonstances extérieures, soit par des raisons intérieures et morales, Jésus pouvait aimer mieux confier sa mère à Jean qu’à ses frères ; car, bien qu’après l’ascension au ciel on les trouve dans la compagnie des apôtres (Act. Ap., 1, 14), cela ne prouve nullement qu’à la mort de Jésus ils eussent déjà cru en lui.

Ce n’est pas là que sont les véritables embarras ; mais ils commencent quand, outre Jacques et José, qui sont nommés comme frères de Jésus, on rencontre deux autres hommes qui portent les mêmes noms et qui sont dits fils d’une autre Marie (Marc, 15, 40, 47 ; 16, 1 ; Matth., 27, 56). Sans aucun doute, cette Marie est celle qui, dans Jean, 19, 25, est désignée comme la sœur de la mère de Jésus et comme la femme d’un certain Clopas. Ainsi nous avons deux