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tendus frères de Jésus sont, non pas ses frères, mais ses cousins.

On voit ainsi se former l’opinion que les frères, ἀδελφοί, et les sœurs, ἀδελφαί, dont il est question dans le Nouveau Testament, ne sont que des demi-frères ou même de simples cousins, et il en résulte le préjugé le plus défavorable pour la vérité de cette opinion, car elle paraît n’être qu’une invention de la superstition, qui imagina en même temps que Joseph n’avait jamais eu de relations conjugales avec Marie. Cependant il n’en est pas ainsi : ce préjugé peut induire en erreur ; et ce sont des motifs purement exégétiques qui ont décidé des théologiens d’un esprit indépendant à croire que Jésus n’avait réellement pas eu de frères[1]. À la vérité, on lit dans Matthieu, 13, 55, et Marc, 6, 3, que les habitants de Nazaretb, s’émerveillant de la sagesse de leur compatriote, et voulant caractériser son origine, qui leur était bien connue, immédiatement après avoir parlé de son père le charpentier, τέκτων, et de sa mère Marie, parlent de ses frères, ἀδελφούς, nommés Jacques, José, Simon et Judas, et de ses sœurs dont on ne dit pas les noms[2] ; on lit dans Matthieu, 12, 46, et Luc, 8, 19, que les frères et la mère de Jésus vinrent le visiter ; on lit dans Jean, 2, 12, que Jésus partit avec eux et sa mère pour Capernaüm ; on lit dans les Actes des Apôtres, 1, 14, leurs noms à côté de celui de Marie. Si nous n’avions que de pareils passages, nous n’hésiterions pas un seul moment à admettre l’existence de frères de Jésus, au moins du côté maternel, d’enfants de Joseph et de Marie, non seulement à cause de la signification propre du mot frère, ἀδελφός, mais encore à cause de l’association perpétuelle de leurs noms avec ceux

  1. Comparez sur ce sujet : Clemen, Les frères de Jésus, dans Winer’s Zeitschrift für wiss. Theol.. 1, 3, S. 329 ff. ; Paulus, Exeg. Handbuch, 1. Bd., S. 557 ff. ; Fritzscbe, l. c., S. 480 ff. ; Winer, Bibl. Realwörterbuch, aux mots Jésus, Jacques, Apôtre, où l’auteur indique toute la bibliographie.
  2. Voyez dans Thilo, Codex apocryphus N. T., 1, p. 363, not., les différents noms que leur donne la légende.