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Au reste, Olshausen ne contredit ici l’évidence de la grammaire et de la logique que parce qu’il y est forcé par des motifs dogmatiques, analogues à ceux des Pères de l’Église. Sans vouloir porter atteinte à la sainteté du mariage, Joseph, dit ce théologien, a dû penser, après de telles expériences, que son union avec Marie avait un autre but que de procréer des enfants ; en outre, il paraît conforme à la nature[1] que la dernière descendante de David, de la branche d’où devait sortir le Messie, terminât sa race par ce dernier et éternel rejeton[2]. On peut, en conséquence, dresser une échelle singulière de foi et de superstition concernant les relations entre Marie et Joseph.

1° Contemporains de Jésus et rédacteurs des généalogies : Joseph et Marie, époux ; Jésus né de leur mariage.

2° Époque et rédacteurs de nos histoires de l’enfance : Marie et Joseph seulement fiancés ; Joseph sans participation à la conception de l’enfant, et sans relation conjugale avec Marie avant la naissance de Jésus.

3° Olshausen et d’autres : Même après la naissance de Jésus, Joseph, bien qu’alors l’époux de Marie, ne voulut pas faire usage de ses droits matrimoniaux.

4° Épiphane, le Protévangile de Jacques et d’autres : Joseph, étant un vieillard décrépit, ne pouvait pas en faire usage ; les enfants qu’on lui attribue sont d’un mariage antérieur ; et il reçoit Marie, moins comme son fiancé et son mari que comme son gardien.

5° Protévangile, Chrysostôme et d’autres : Non seulement la virginité de Marie ne fut pas détruite par des grossesses postérieures du fait de Joseph, mais encore elle ne le fut pas par la naissance de Jésus.

6° Saint Jérôme : Non seulement Marie, mais encore Joseph, gardèrent continuellement leur virginité ; et les pré-

  1. Voilà une autre convenance semblable aux convenances que nous avons déjà relevées §§ xx et xxi.
  2. Bibl. Comm., 1, S. 62.