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aussi par cette croyance au surnaturel qui les pénètre, mais différents et séparés par les éléments nouveaux qui à chaque fois se sont incorporés dans la religion générale. Ce qui résulte évidemment, c’est qu’il est impossible d’appliquer des procédés d’interprétation dissemblables à des choses qui sont si semblables. Seule, l’hostilité qui règne entre les théologies exclusives a permis de condamner là ce qu’on approuvait ici.

Depuis longtemps on a signalé des ressemblances, elles sont en effet trop frappantes pour ne pas être remarquées. Mais on les a expliquées en sens inverses, suivant l’opinion exclusive d’où l’on partait : tantôt, voulant ne voir dans le polythéisme qu’une dégénération du culte primitif, on a prétendu que les polythéistes étaient allés chercher leurs mythes analogues dans l’antiquité judaïque ; tantôt, au contraire, voulant discréditer les Juifs afin d’atteindre le christianisme, on a accusé les livres sacrés des Hébreux d’avoir puisé à la source immense des mythes polythéistiques. La conciliation est autre part ; elle est dans le progrès simultané de toutes les civilisations religieuses, croissant sur un même fond et se pénétrant de tous les côtés. Ainsi, qui méconnaît l’analogie entre le mythe d’Ève exclue du paradis terrestre pour avoir touché au fruit défendu, et celui de Proserpine, qui, pour avoir goûté de la grenade, est empêchée de reprendre sa place dans le séjour céleste ? Mais qui oserait dire en quel sens s’est faite la communication, et même s’il y a eu communication ? car il se pourrait fort bien que ces légendes fussent, non pas filles, mais sœurs l’une de l’autre, et qu’elles provinssent d’une source antérieure et commune ? Quiconque aussi prendra en considération le mythe singulier de Prométhée, ce Titan secourable à l’humanité naissante, son enchaînement sur le