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Les autres écrits du Nouveau Testament, pas plus que les évangiles, ne contiennent rien qui confirme l’opinion de la conception surnaturelle de Jésus ; car, lorsque l’apôtre Paul dit que Jésus est né de la femme, γενόμενον ἐκ γυναικὸς (Gal. 4, 4), on ne voudra pas voir, dans cette expression, une négation de la participation masculine ; car en ajoutant : né sous la loi, γενόμενον ὑπὸ νόμον, il montre qu’il n’a entendu, comme cela se voit si souvent dans l’Ancien Testament et le Nouveau, par exemple, Job, 14, 1, Matth., 11, 11, que désigner par ces termes la nature humaine avec toutes ses conditions. Plus loin (Rom., 1, 3, seq., comparez 9, 5), Paul fait descendre le Christ de David et des patriarches, selon la chair, κατὰ σάρκα, mais il l’appelle le fils de Dieu, selon l’esprit de sainteté, κατὰ πνεῦμα ἁγιωσύνης ; personne ici, sans doute, n’identifiera l’opposition entre la chair et l’esprit avec l’opposition entre la participation maternelle à la conception de Jésus, et une force divine qui remplaça la participation paternelle. Enfin, si dans la Lettre aux Hébreux (7, 3) Melchisedech est comparé, comme étant sans père, ἀπάτωρ, avec le fils de Dieu, υἱὸς τοῦ θεοῦ, cette expression ne doit pas être rapportée à l’apparition de Jésus sur la terre ; car Paul ajoute les mots sans mère, ἀμήτωρ, ce qui conviendrait à Jésus aussi peu que l’expression que l’on trouve plus loin, sans généalogie, ἀγενεαλόγητος.


§ XXVII.


Retour sur les généalogies.

De toutes les preuves de l’exégèse contre la réalité d’une conception surnaturelle de Jésus, la plus décisive et aussi la plus directe se trouve dans les deux généalogies que nous avons discutées précédemment. Déjà le manichéen Faustus avait soutenu que celui qui, comme nos deux généalogistes, fait descendre Jésus de David par Joseph, ne peut suppo-