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port entre le passage de l’Ancien Testament et l’événement du Nouveau, est un rapport existant dans les choses, arrangé par Dieu même[1] ; dans la seconde signification, ce rapport n’a aucune réalité dans les choses, et il n’existe que dans l’esprit de l’écrivain postérieur qui l’a trouvé. Dans la première, c’est un rapport exact et essentiel ; dans la seconde, un rapport inexact et accidentel. Mais entendre de cette dernière manière les passages du Nouveau Testament qui représentent une prophétie de l’Ancien Testament comme accomplie, c’est contredire aussi bien le texte que l’esprit des écrivains du Nouveau Testament ; le texte, car ni πληροῦσθαι, dans une telle connexion, ne peut signifier autre chose que s’accomplir, ratum fieri, eventu comprobari ; ni ἵνα, ὅπως, autre chose que, à cet effet, eo consilio ut, attendu que l’adoption fort répandue d’un ἵνα ἐκϐατικὸν n’est venue que de difficultés dogmatiques[2] ; l’esprit ; car rien n’est plus contraire qu’une telle explication aux idées juives des écrivains évangéliques. Soutenir avec Paulus que l’homme de l’Orient ne pense pas sérieusement que l’ancienne prophétie ait été prononcée jadis par le prophète, ou accomplie plus tard par la divinité, afin de figurer d’avance l’événement nouveau, et réciproquement, c’est transporter notre timidité occidentale dans la vie d’imagination des Orientaux ; mais ajouter, comme il fait, que la concordance d’un événement postérieur avec des prophéties antérieures, ne prend que dans l’esprit de l’homme de l’Orient la forme d’un dessein prémédité, c’est détruire la proposition qu’il vient d’émettre, car c’est dire : Ce qui d’après notre manière de voir, n’est qu’une simple coïncidence, parut un dessein prémédité à l’homme d’O-

  1. C’est aussi l’opinion dans laquelle Hengstenberg retombe, une fois que la chose est ramenée à sa formule, bien qu’il adoucisse (1, a, S. 338 ff) l’explication orthodoxe beaucoup plus qu’il ne le devrait, s’il tenait à rester conséquent avec ses principes.
  2. Voyez Winer, Grammatik des neutest. Sprachidioms, 3te Aufl. S. 382 ff. Fritzsche, Comm. in Matth., p. 49, 317, et Excurs., 1, p. 836 et seq.