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Zacharie la naissance de Jean-Baptiste, annonce aussi à Marie, fiancée avec Joseph, la grossesse qui sera produite par l’opération d’une force divine ; en suite de quoi la mère future du Messie a, avec la mère de Jean, déjà enceinte, une rencontre très significative, et elle échange avec Élizabeth ses sentiments sous la forme d’un hymne (Luc, 1, 26-56). Tandis que Matthieu et Luc prenaient, du moins comme donné, le rapport entre Marie et Joseph, des évangiles apocryphes, nommément le Protévangile de Jacques et l’Évangile de la nativité de Marie[1], livres dont le contenu a été approuvé, pour la plus grande partie, même par les Pères de l’Église, s’efforcent aussi d’exposer comment ce rapport s’est établi ; ils remontent même jusqu’à la naissance de Marie, qu’ils font précéder d’une annonciation semblable à celle qui, suivant Luc, précéda la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus. L’histoire de la naissance de Jean-Baptiste, dans Luc, est composée principalement d’après celles de Samson et de Samuel dans l’Ancien Testament ; de même l’histoire de la naissance de Marie, dans les apocryphes susdits, est composée d’après celle de Jean-Baptiste, concurremment avec celles de l’Ancien Testament.

Joachim, ainsi parle le récit apocryphe, et Anna (c’était aussi le nom de la mère de Samuel)[2] se sentaient malheureux (comme les parents de Jean-Baptiste) dans un mariage resté longtemps stérile ; alors ils ont tous deux, et en des lieux différents (comme les parents de Samson), l’apparition d’un ange qui leur annonce une fille, la mère future de Dieu, laquelle (comme Jean-Baptiste) est consacrée par l’ange à une vie naziréenne. Alors Marie (comme Samuel)

  1. Fabricius, Codex apocryphus N. T., 1, pp. 19, 66. Thilo, Codex apocryphus N. T., t. 1, p. 161 et seq.
  2. Cette Anne des Apocryphes rappelle aussi celle de Samuel à Grégoire de Nysse ou à son interpolateur, quand il dit : Μιμεῖται τοίνυν καὶ αὕτη τὰ περὶ τῆς μητρὸς τοῦ Σαμουὴλ διηγήματα. Fabricius, 1, p. 6.