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TROISIÈME CHAPITRE.

ANNONCIATION DE LA CONCEPTION DE JÉSUS ; CONDUITE DE JOSEPH ;
VISITE DE MARIE AUPRÈS D’ÉLIZABETH.



§ XXIII.


Esquisse des différents récits, canoniques et apocryphes.

Dans les évangiles canoniques et dans les évangiles apocryphes on remarque, relativement à l’engendrement de Jésus, une gradation notable, où l’on remonte de plus en plus vers les commencements, et où ces commencements sont narrés plus brièvement ou plus longuement, d’une façon plus naturelle ou plus ornée. Marc et Jean supposent la naissance de Jésus donnée d’avance, et se contentent, dans le cours de leurs récits, de nommer Marie comme la mère (Marc, 6, 3), et Joseph comme le père de Jésus (Jean, 1, 46). Matthieu et Luc remontent plus haut, exposant le mode de génération de la personne messianique de Jésus, et relatant sa naissance avec les circonstances qui la préparèrent. Entre ces deux derniers, Luc s’élève encore un peu plus haut que Matthieu. En effet, d’après Matthieu, Marie, étant fiancée à Joseph, est trouvée enceinte ; le fiancé s’en offense, et il se dispose à la quitter. Mais l’ange du Seigneur l’assure, dans un rêve, de l’origine divine et de la haute destination de l’enfant de Marie, et il en résulte qu’il épouse Marie, mais sans avoir aucun rapport conjugal avec elle jusqu’à la naissance de Jésus (Matthieu, 1, 18-25) ; de cette façon, la grossesse de Marie existe d’abord, et ce n’est qu’ensuite qu’elle est justifiée par l’ange. Mais, dans Luc, cette grossesse est préparée et annoncée par une apparition céleste. Le même Gabriel, qui avait annoncé à