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une fille héritière[1]. L’opinion que Marie appartenait aussi à la race de David est déjà ancienne. À la vérité, l’idée eut cours que le Messie, comme un second Melchisedech, devait réunir la dignité royale à la dignité sacerdotale[2] ; et, en raison de la parenté de Marie avec Élizabeth, fille d’Aaron, telle qu’elle est donnée par Luc, 1, 36[3], non seulement plusieurs, dès les premiers temps, firent naître Joseph d’une famille provenant d’alliances entre des descendants de Juda et de Lévi[4], mais encore il ne fut pas rare alors de supposer que Jésus, descendu par Joseph de la race royale, l’était par Marie de la race sacerdotale[5]. Cependant l’opinion qui ne tarda pas à prévaloir fut que Marie descendait de David. Plusieurs apocryphes s’expriment dans ce sens[6] ; il en est de même de Justin Martyr, qui dit que la Vierge a été de la race de David, de Jacob, d’Isaac et d’Abraham, phrase d’après laquelle on pourrait même croire qu’il a rapporté à Marie un de nos tableaux généalogiques, qui remontent également par David jusqu’à Abraham[7].

Maintenant on se demandera lequel des deux arbres généalogiques doit être considéré comme celui de Marie ; or, à vrai dire, il semble impossible de lui attribuer l’une ou

  1. Déjà Épiphane, Grotius, ont émis cette conjecture. Olshausen, p. 41, l’admet, parce qu’il paraît convenir (voyez, sur une semblable convenance, la remarque 1 de la page 158) ; parce qu’il paraît convenir que la descendance de David, d’où le Messie devait sortir, finit par une héritière unique, qui, mettant au monde l’éternel héritier du trône de David, en couronnait et terminait la race !
  2. Testament. XII Patriarch., Test. Simeonis, c. 71. Fabric., Codex pseudepigr. V. T., p. 542. « D’elles (les tribus de Lévi et de Juda) surgira pour vous le salut de Dieu : car le Seigneur fera lever de Lévi comme un grand-prétre, et de Juda comme un roi. » Ἐξ ἀυτῶν ἀνατελεῖ ὑμῖν τὸ σωτήριον τοῦ Θεοῦ· ἀναςήσει γὰρ Κύριος ἐκ τοῦ Λευῒ ὡς ἀρχιερέα, καὶ ἐκ τοῦ Ἰούδα ὡς βασιλέα κτλ.
  3. Comparez cependant Paulus, l. c., S. 119.
  4. Comparez Thilo, Cod. apocr. N. T., 1, p. 374 et suiv.
  5. Par exemple, Faustus le manichéen dans Augustin, Contra Faust., L. 23, 4.
  6. Dans le Protévangile de Jacques, c. 1 et suiv., et c. 10 (éd. Thilo), et dans l’Évangile de la Nativité de Marie, Jonchim et Anna, de la race de David, sont dits les auteurs de Marie. Faustus, au contraire, désigne, dans le passage cité, ce Joachim comme prêtre.
  7. Dial. c. Tryph., 43, 100. Paris, 1742.