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présentait une division naturelle, il paraît avoir souhaité de trouver le même nombre dans les divisions suivantes. Or, deux autres divisions s’offraient à lui d’elles-mêmes, puisque l’exil de Babylone partageait en deux tout le reste de la série. Mais la seconde division ne correspondait pas exactement à ce désir, car l’arbre généalogique des descendants de David jusqu’à l’exil donnait quatre termes de trop ; alors l’auteur laissa de côté quatre noms. Pourquoi ceux-là plutôt que d’autres ? c’est ce qu’il serait difficile de décider[1].

Pourquoi le rédacteur de cette généalogie a-t-il attaché tant d’intérêt à répéter trois fois le même nombre ? Peut-être n’est-ce, comme quelques uns l’admettent, qu’un artifice pour aider la mémoire, les Orientaux ayant l’habitude de partager les généalogies en divisions égales pour plus de facilité[2] ; mais un motif mystique pourrait bien s’y être joint. Ce motif, faut-il le chercher dans le nombre spécial qui est répété trois fois, ou seulement dans le triple retour du même nombre ? Il n’est pas probable que le généalogiste ait tenu à la répétition du nombre quatorze, comme étant le double du nombre sacré sept[3], autrement il n’aurait pas caché si complètement le nombre sept dans le nombre quatorze ; encore moins peut-on approuver Olshausen disant que le nombre quatorze a été mis en saillie spéciale, comme étant la valeur numérique du nom de David[4] ; car ces

    le verbe engendra, ἐγέννησε, non dans le sens litéral, mais dans un sens plus général, tel que : il eut parmi ses descendants, e posteris ejus erat ; comme si le généalogiste, loin d’exclure les termes omis, avait voulu au contraire les comprendre implicitement dans la liste (Kuinœl sur ce passage). Dans ce cas, il est impossible qu’il eût compté comme il a fait. De la même valeur est l’échappatoire de Hoffmann, prenant ici γενεά, non pour degré, mais pour génération ; de sorte que, v. 17, ἀπὸ Δαυὶδ ἕως μετοικεσίας Βαϐυλῶνος γενεαὶ δεκατέσσαρες signifierait seulement que de David jusqu’à l’Exil, ou, comme Hoffmann compte, jusqu’à la reconstruction du Temple, il y a quatorze âges d’hommes, c’est-à-dire 500 ans, sans vouloir dire que la famille dont il est question n’ait eu que quatorze rejetons (S. 156). Et cependant on n’en énumère justement que quatorze !

  1. Cependant comparez Fritzsche sur ce passage.
  2. Fritzsche, in Matth., p. 11.
  3. Paulus, S. 292. Au reste, on mettait de l’importance au nombre sept même dans les généalogies. On le voit, par exemple, dans le passage ἕϐδομος ἀπὸ Ἀδὰμ Ἐνώχ, Jud., v. 14.
  4. Bibl. Comment., , S. 46. Anm.