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d’Ismaël et d’Isaac[1], et sa raison dans l’opinion qui regardait comme providentielle la concordance de la signification du nom avec la signification historique de l’homme. Il est remarqué dans le passage de Luc, v. 61, que le nom de Jean n’avait pas été habituel dans la famille de Zacharie, remarque qui n’a pas d’autre but que d’en faire ressortir davantage l’origine céleste ; la tablette, πινακίδιον, sur laquelle le père inscrit le nom (v. 63) a été suggérée, soit par le mutisme infligé, soit par l’exemple d’Isaïe, qui dut écrire les noms significatifs d’un enfant sur une tablette (Is., 8, 1 seq.). La seule particularité extraordinaire pour laquelle on pourrait croire qu’il n’y a pas d’analogue dans l’Ancien Testament, est le mutisme de Zacharie, et c’est aussi là-dessus que se fonde Olshausen pour combattre l’explication mythique du récit[2]. Mais, si l’on réfléchit que demander et recevoir des signes en garantie d’une prédiction était chose habituelle chez les Hébreux (comparez Isaïe, 7, 11 et suiv.) ; que la perte temporaire d’un sens est infligée comme punition extraordinaire après une apparition céleste (Act. ap. 9, 8, 17 seq.) ; que Daniel perd la parole pendant que l’ange lui parle, et ne la recouvre que lorsque l’ange lui ouvre la bouche en lui touchant les lèvres (Dan., 10, 15 seq.) ; si, dis-je, on réfléchit à tous ces exemples, on comprendra que le mutisme de Zacharie peut s’expliquer sans qu’il y ait rien de réel et d’historique au fond.

De deux particularités accessoires et non merveilleuses : l’une, la justice, devant Dieu, des parents de Jean (v. 6), n’est, en tout cas, fondée que sur cet argument, à savoir, qu’il n’y a qu’un couple aussi pieux qui ait pu recevoir la faveur d’un tel fils, et par conséquent elle n’a aucune valeur historique ; l’autre, au contraire, à savoir, que Jean

  1. 1, Mos., 16, 11, lxx : Καὶ καλέσεις τὸ ὄνομα αὐτοῦ Ἰσμαήλ. 17, 19 : — Ἰσαάκ.

    Luc, 1, 13 : Καὶ καλέσεις τὸ ὄνομα αὐτοῦ Ἰωάννην.

  2. Commentar., 1, S. 119. Hoffmann, S. 146.