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consacrant, dès sa naissance, au nasiréat (nasir, voué à Dieu) Jean, dont la vie ascétique était d’ailleurs connue ; pour Samson, le vin, les boissons fortes et les aliments impurs sont défendus à la mère dès le temps de sa grossesse ; puis l’ange prescrit le même régime à l’enfant[1], prescription à laquelle l’envoyé céleste ajoute, comme pour Jean, que l’enfant est voué à Dieu dès le ventre de sa mère[2]. La promesse d’œuvres qui seront pleines de bénédictions est analogue aussi pour les deux hommes ; comparez Luc, 1, 16, 17, avec Juges, 13, 5. Il en est de même de la formule finale sur la croissance pleine d’espérance des deux enfants[3].

Reste encore l’histoire d’un troisième personnage né tardivement, de Samuel ; il serait peut-être trop téméraire de considérer comme une simple imitation de cette histoire la descendance lévitique de Jean (comparez 1 Sam., 1, 1 ; 1 Paralip. 7, 27) ; mais elle a fourni le modèle des effusions lyriques qui se trouvent dans le premier chapitre de Luc. La mère de Samuel, en remettant son fils au grand-prêtre, épanche ses sentiments dans un hymne (1 Sam., 2, 1 seq.) ; le père de Jean-Baptiste en fait autant lors de la circoncision de son fils : seulement, dans les détails, le cantique de Zacharie paraît composé d’après le cantique de la mère de Samuel, moins que celui de Marie, sur lequel nous reviendrons plus tard. Le nom significatif de Jean (יהוחנן, Θεόδωρος, donné de Dieu) est fixé d’avance par l’ange ; et cette désignation a un précédent dans la désignation des noms

  1. Juges, 12, 14 (lxx) : καὶ οἶνον καὶ σίκερα (al. μέθυσμα, hébr. שכר) μὴ πιέτω.

    Luc, 1, 15 : Καὶ οἶνον, καὶ σίκερα οὐ μὴ πίῃ.

  2. Juges, 13, 5 : Ὅτι ἡγιασμένον ἔσται τῷ θεῷ (al. Ναζὶρ θεοῦ ἔσται) τὸ παιδάριον ἐκ τῆς γαστρὸς (al. ἀπὸ τῆς κοιλίας).

    Luc, 1, 15 : Καὶ πνεύματος ἁγίου πλησθήσεται ἔτι ἐκ κοιλίας μητρὸς ἁυτοῦ.

  3. Juges, 13, 5 : Καὶ ηὐλόγησεν ἀυτὸν κύριος, καὶ ηὐξήθη (al. ἡδρύνθη) τὸ παιδάριον· καὶ ἤρξατο πνεῦμα κυρίου συμπορεύεσθαι αὐτῷ ἐν παρεμϐολῇ Δὰν, ἀναμέσον Σαρὰ καὶ ἀναμέσον Ἐσθαόλ. Comp. 1, Mos. 21, 20.

    Luc, 1, 80 : Τὸ δὲ παιδίον ηὔξανε καὶ ἐκραταιοῦτο πνεύματι, καὶ ἦν ἐν ταῖς ἐρήμοις, ἕως ἡμέρας ἀναδείξεως αὐτοῦ πρὸς τὸν Ἰσραήλ