Page:Strauss David - Vie de Jésus, tome 1, Ladrange 1856.djvu/203

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

depuis longtemps fondus en un tableau total pour le lecteur, qui y prenait les plus convenables à chaque cas particulier. Le type le plus ancien de tous les tard-nés est Isaac. De même que Zacharie et Élizabeth sont dits avancés dans leurs jours, προϐεϐηκότες ἐν ταῖς ἡμέραις αὑτῶν (v. 5), de même Abraham et Sara étaient avancés dans leurs jours, προϐεϐηκότες ἡμερῶν, lxx (1, Mos., 18, 11), lorsqu’un fils leur fut annoncé. C’est particulièrement de cette histoire qu’a été transportée, dans le récit de Luc, l’incrédulité du père fondée sur le grand âge des parents, et la demande d’un signe. Abraham, après que Dieu lui eut promis, pour son héritier, une postérité qui posséderait la terre de Chanaan, demanda d’un air de doute : A quoi connaîtrai-je que je posséderai cette terre ? κατὰ τί γνώσομαι, ὅτι κληρονομήσω ἀυτήν ; (1, Mos., 15, 8, lxx). De même, ici, Zacharie demande : À quoi connaîtrai-je cela ? κατὰ τί γνώσομαι τοῦτο ; (V. 18.) La légende n’a tiré de l’incrédulité de Sara aucun parti pour Élizabeth ; ce nom d’Élizabeth, qui est dite une des filles d’Aaron, ἐκ τῶν θυγατέρων Ἀαρών, pourrait faire songer au nom d’Élizabeth que portait la femme d’Aaron, frère de Moïse. (2 Mos., 6, 23, lxx.)

C’est de l’histoire d’un autre personnage né tardivement, de Samson, qu’est pris l’ange qui annonce la naissance du fils. Dans notre récit, l’ange apparaît au père au milieu du temple, tandis que, dans le livre des Juges, 13, il se montre d’abord à la mère, puis au père, au milieu de la campagne, changement amené naturellement par la différence de condition des parents respectifs ; et, d’après les idées des Juifs dans les temps postérieurs, les prêtres, pendant qu’ils encensaient le temple, avaient non rarement des angélophanies et des théophanies[1]. De la même source vient l’ordre

  1. Voyez les passages de Josèphe et des Rabbins, dans Wetstein zu Luc., 1, 11, S. 647 f. Ces passages racontent, en effet, que de telles apparitions furent le partage de grands-prêtres. Mais notre passage même, v. 22, témoigne qu’on était facilement enclin à en supposer de pareilles pour des prêtres ordinaires.